Le Grand Port Maritime Nantes Saint-Nazaire, l'Estuaire et le Carnet une histoire de béton et de pollution

Alors que nous traversons une crise sanitaire et sociale sans précédant, il semble urgent de remettre en question nos manières d’habiter le monde, en commençant par nous interroger sur ce qu’il se trame sur nos territoires.

Considéré comme le premier port d’Europe en 1704, maillon essentiel à la chaîne marchande de nos sociétés soumises à la loi du marché économique mondial, le Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire a traversé les âges et remodelé l’Estuaire de la Loire à son image..
Acteur majeur du développement économique de la région, le Grand Port projette aujourd’hui d’implanter une nouvelle zone industrielle sur le site naturel du Carnet (110ha dont 51ha de zones humides), mais aussi sur + de 40ha de terres à Donges (cf appel à soutien du village du peuple menacé d’expulsion)

Mais quel est l’envers du Grand Port ?

C’est un des premiers ports d’importation de pétrole et de gaz (dont du gaz de schiste provenant des USA !) en France :

https://multinationales.org/Le-gaz-de-schiste-americain-arrive-discretement-en-France

 » Exploité par Elengy (GDF‐Suez), le terminal méthanier de Montoir de Bretagne est l’un des plus importants d’Europe, avec une capacité de stockage de 6 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) et une capacité de gazéification de 10,5 milliards de m3. On y investit en permanence pour optimiser les performances techniques du terminal (2 postes à quai, accueil de grands navires de type Q‐Flex et Q‐Max, service de transbordement entre navires, service de chargement de poids lourds…) avec l’ambition de diversifier les provenances du gaz : Nigeria, Norvège, Algérie ou demain Russie (projet Yamal, avec des navires brise‐glace transitant par la route maritime arctique). C’est aussi depuis Montoir de Bretagne que le charbon importé est transporté par voie fluviale vers la centrale thermique EDF de Cordemais. « 

Donges, troisième terminal pétrolier de France

  • Environ 590 escales par an
  • Une capacité annuelle de traitement de 11 millions de tonnes de pétrole brut
    (près de 8,7 millions de tonnes importées en 2018)
  • Entre 4 et 6 millions de tonnes de produits raffinés exportés par an.

Implanté sur 350 hectares en bordure de Loire, le site de Donges se distingue par ses cuves et autres tours de distillation… Il alimente la deuxième raffinerie française du Groupe Total, dont la capacité annuelle de traitement est de 11 millions de tonnes de pétrole. Les sept postes pétroliers de ce site sont dédiés à l’importation du brut et à l’exportation de produits raffinés. Un poste spécifique, connecté à l’oléoduc Donges Melun-Metz, permet également l’importation de produits raffinés. »

Ce port abrite un site de production du géant de l’agro-industrie Yara, leader mondial des engrais de synthèse azotés, utilisés comme fertilisants sur les terres agricoles, plusieurs fois mis en demeure par L’État pour non respect des normes environnementales.

Ce site Seveso seuil haut situé à Montoir de Bretagne, est administré par cette multinationale qui agit au sein d’un système économique où la recherche du profit prime sur toutes les autres considérations.

Yara, à Montoir, n’a en effet aucune considération pour les riverain.ne.s victimes de ses rejets de phosphore et d’azote dans la Loire (Yara ne disposant d’aucune station de traitement de ses effluents industriels) ainsi que des émissions toxiques des fumées de son usine..
Yara n’a aucune considération pour le monde paysan qu’elle endette et exploite.
De plus, Yara évolue aux côtés des géants de l’agrochimie comme BASF-Bayer-Monsanto qui bâtissent leurs fortunes depuis des décennies sur la destruction même du vivant (armes chimiques utilisées pour des génocides ; biocides ; engrais de synthèse azotés..).

Encore inconnue du grand public, cette multinationale commence à être ciblée par les mouvements militant pour la justice climatique et sociale.
En septembre 2019, plusieurs centaines d’activistes du mouvement européen contre l’agro-industrie, Free The Soil, ont été bloquer l’une de ses usines en Allemagne, pour dénoncer l’impact destructeur de Yara sur le climat, l’environnement et le monde paysan.
Yara s’est même vu remettre le prix pinocchio de la pire entreprise de l’agrobusiness en matière de greenwashing, décerné par les Amis de la terre en février dernier.

C’est aussi le 1er port d’importation en France de cultures issues de la déforestation en Amérique du sud (soja principalement)

 » Leader sur l’alimentation animale

Pour les aliments du bétail, Montoir de Bretagne est une place d’importation stratégique en France, notamment parce que c’est ici que s’approvisionne le grand Ouest, première région d’élevage d’Europe. Les acteurs y ont engagé de grands efforts de massification, de traçabilité et même de conteneurisation (tourteaux de soja). Pour les produits d’origine lointaine (Inde, Brésil, Argentine), Nantes Saint‐Nazaire est au premier rang national, avec une part de marché largement majoritaire. « 

Enfin, ce port est une des principales voies d’importation en France, du bois issu de la déforestation des forêts tropicales.

Le monde que le Grand-Port et ses multinationales nous propose, se construit et se nourrit de l’accaparement de territoires, du pillage de leurs ressources et de l’exploitation des peuples, partout dans le monde.
C’est un monde où on étouffe sous les inégalités, pour le profit d’une minorité.
C’est un monde qui ne suit que le baromètre des indicateurs économiques pour nous diriger.
C’est un monde qui a fait de la gestion des crises, une spécialité.

Est-ce à l’image du monde que nous voulons pour notre avenir ?

La pandémie du Covid 19 a mis en lumières les limites de notre modèle de société insoutenable et son impact dévastateur sur notre environnement et nos conditions de vie.
Il est grand temps de stopper l’hémorragie.
Parce qu’il n’y a pas de « planète bis », nous devons faire front contre leurs projets mortifères qui maintiennent le monde en crises.

Stoppons la condamnation à mort de l’estuaire de la Loire
et protégeons le site naturel du Carnet !

Le Carnet, c’est 395 hectares de zone naturelle, qui abritent pas moins de 116 espèces protégées.
C’est l’un des derniers corridor migratoire sur l’estuaire de la Loire, encore épargné par la pollution lumineuse et les nuisances de l’activité humaine, qu’elle soit urbaine ou industrielle.
Le Carnet c’est aussi des zones humides, trésors de biodiversité qui participent à la fertilisation des sols comme à la régulation des crues et protection des littoraux.

Le Carnet, c’est un site qui a été préservé grâce à une longue lutte contre un projet de centrale nucléaire.

https://stopcarnet.fr/archives-de-la-lutte-anti-nucleaire-du-carnet/

Allons-nous les laisser piétiner ce long combat pour préserver l’environnement et l’Estuaire de la Loire ?!